Quand arrêter purement et simplement un projet – Retour d’expérience de Nicolas

Merci à Nicolas pour son retour d’expérience dans cet article.

Vous connaissez certainement des projets qui arrivent à terme, livrés, mis en production et qui au final finissent dans un tiroir ou bien qui sont recommencés une fois que tout le monde s’est bien rendu compte qu’ils n’apportaient aucune valeur ajoutée. C’est ce qui arrive quand le chef de projet a manqué de courage à un moment donné pour dire STOP.

Ce n’est pas le cas de Nicolas qui est monté au créneau et qui a tout arrếté en cours de route …

Quand il s’agit de donner un coup de main …

Lorsque les faits que je relate sont arrivés, j’avais déjà quelques projets à mon actif. Mais l’apprentissage est long … Se termine-t-il d’ailleurs ? 🙂

Je venais d’arriver depuis quelques mois dans un nouveau poste. Juste le temps de me rendre compte des personnes qui comptent, de celles qu’il faut éviter …

Une de mes collègues n’arrivant pas à gérer deux sujets similaires en parallèle, on me sollicite pour l’épauler. Bonne poire, mais pas trop le choix non plus, j’accepte.

Au final, je ne dois pas me contenter de l’épauler, car on me refile un des deux projets. Je lis donc le cahier des charges 2 jours avant de prendre mes congés. Nous sommes fin octobre.

À mon retour de congés, je prends le taureau par les cornes et je me lance.

Pourquoi l’historique projet est important

J’apprends que la première mise en production de ce projet est prévue mi décembre. Timing court, mais pas de souci me dit-on, l’outil que je vais utiliser pour ce projet est viable et ça va être « facile ». La source de ces dires est fiable …

Je mène mes premières investigations, je rencontre le client interne (nous appartenons à la même société), bref tout semble aller bien.

Jusqu’au moment où je commence à me poser des questions techniques sur l’outil lui même … Nous sommes déjà mi-novembre. Je me rends vite compte que l’outil ne sera pas en mesure de répondre au cahier des charges.

Je me retourne vers celui qui a « choisi » l’outil. J’apprends, avec un peu de retard, que cet outil n’a fait l’objet d’aucune étude préalable, d’aucun benchmark, d’aucun PoC (Note : Proof of Concept, prototype pour montrer que les scénarios de base fonctionnent) …

Mais pourquoi l’a t-on choisi ? … Une sombre histoire d’outil gratuit, présenté comme facile à prendre en main … Bref un outil inadapté :-(.

Il ne me reste plus alors qu’à annoncer au client qu’une mise en production mi-décembre est impossible, que tout ce qui a bien pu lui être vendu depuis début juillet, date de démarrage du projet, n’est que du vent.

Il faut savoir s’arrêter …

Savoir s’arrêter, ça peut éviter des dégâts …

Je mets donc un terme au projet sans solution de remplacement court terme.

Il faut alors imaginer la réaction des responsables des deux bords (côté client et de mon côté), ainsi que toutes les explications qu’il a fallu fournir pour mettre en évidence que la meilleure des solutions était de stopper ce projet.

Nous avons bien par la suite essayer de proposer de nouvelles solutions, mais le client a préféré faire la sourde oreille et s’orienter vers un autre partenaire.

Depuis, les relations avec ce client sont quelques peu glaciales !

Il est facile de s’appuyer sur les sachants … Mais sont-ils vraiment ceux que l’on croit ?

Tous les aspects du projets doivent être connus du chef de projet. Son historique en particulier. J’ai appris à mes dépens qu’un minimum de vérifications étaient nécessaires. On doit compter sur ses collègues, mais pas aveuglément ;-).

Qu’en pensez-vous ? Quand faut-il arrêter un projet d’après vous ?

Vous aussi vous avez une expérience pertinente à partager ? contactez-moi ! Ca pourrait éviter bien des problèmes à d’autres chefs de projets !

5 réflexions au sujet de “Quand arrêter purement et simplement un projet – Retour d’expérience de Nicolas”

  1. Arrêter un projet mal conçu est souvent la meilleure solution. Ce n’est pas toujours facile. Il est arrivé plusieurs fois, que des décisions prises par une direction, remettent en cause ma compétence pour justifier la poursuite du projet. La situation la plus étonnante pour un projet dont je dirigeais le chantier sans être le maitre d’œuvre, a été que le projet était tellement mauvais que les dirigeants ne pouvaient le confier à quelqu’un d’autre et poursuivaient tel que.

    Ce fut dans la totalité des cas cités des échecs catastrophiques techniquement et financièrement.
    Heureusement, parfois ça se passe à peu près bien, les pertes sont alors minimisées.

    Même si vous n’êtes que le Cassandre, le porteur de la mauvaise nouvelle qui n’a pas été écouté, on vous en fait payer le prix.

    Je conclurais qu’une grande compétence technique est le premier critère indispensable dans la gestion de projet, les méthodes de suivi de projets, de plannings, de budgets sont plus des moyens administratifs.

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  2. Quand les choses sont mal engagées, plus on attend, plus il est difficile d’arrêter.
    Léonard de Vinci le disait déjà : « Il est plus facile de s’opposer au début qu’à la fin. »
    il faut donc de la lucidité et du courage ce qui n’est pas toujours accepté.

    J’ai connu un patron qui, quand un projet informatique « patinait », enlevait du monde plutôt que d’en ajouter (les nouveaux « consomment » les ressources précieuses de ceux qui savent pour « se mettre en route » ) jusqu’à recentrer l’équipe resserrée sur l’essentiel avant de se redéployer … éventuellement.

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  3. Un projet doit pouvoir s’arrêter en cas de problème détecté assez tôt mais que faire si vous n êtes pas suivi par votre hierarchie quand vous proposez l’arrêt du projet ?
    Ou encore que faire lorsque c est votre hierarchie qui vous indique que le projet aurait dû s’arrêter il y a bien longtemps mais que personne pas même vous n’en n’aviez eu l’idée ?
    Arrêter un projet requiert de l’exprience et un très bon relationnel ce qui n est pas toujours le cas de tout le monde.

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    • « Que faire si vous n êtes pas suivi par votre hiérarchie quand vous proposez l’arrêt du projet ? »

      Vous couvrir, juste au cas où, en traçant par écrit que vous avez demandé l’arrêt du projet et que votre direction a décidé de passer outre. Cela devient directement leur responsabilité (même si ça l’était déjà avant un peu quand même 😉 ).

      Pour la seconde question, il n’y a pas de problème, si la direction a estimé il y a 6 mois qu’il fallait arrêter le projet, 1) vous auriez dû être le premier informé, et 2) si 1 mois après, le projet n’était toujours pas arrêté, ils auraient pu à nouveau vous demander de le faire .. La hiérarchie est responsable de ce qui se passe en-dessous, dire « je voulais arrêter mais ils ont continué à bosser dessus pendant 3 mois », ça n’a aucune crédibilité :-).

      Dans tous les cas, dans ce genre de situations, tracer les décisions est important, car si ça part en vrille, y’a toujours un bouc émissaire qui sera trouvé ..

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