La gestion des risques selon Prince2 : l’exemple de ma belle-mère

Il accepte le risque !
Il accepte le risque !

Voici un petit récapitulatif des différentes réponses possibles à un risque selon la méthodologie PRINCE2, avec Béatrice, ma belle-mère et Paul, mon super-développeur.

Pour rappel, un risque est un événement probable qui peut avoir un impact sur des objectifs. Il peut s’agir d’une opportunité ou d’une menace selon que l’impact facilite ou non l’atteinte des objectifs.

NB: aucune belle-mère n’a été vexée pendant la rédaction de cet article.

Description des situations

Belle-mère Super-développeur
Béatrice envisage de venir le weekend prochain à la maison.Pour l’exemple, dans le cas de la menace, vous vous en doutez, je n’ai pas envie de la voir, dans le cas de l’opportunité, au contraire je me réjouis de l’accueillir. Dans le cas de la menace, mon super-développeur peut devoir sortir de mon projet « Pont » pour intervenir sur un autre projet « Barrage » parce qu’il est intervenu dessus et que le chef de projet « Barrage » pourrait encore avoir besoin de lui.Dans le cas de l’opportunité, nous dirons qu’il existe une possibilité pour que Paul vienne travailler sur mon projet « Pont ».

Voyons quelles pourraient être les différentes réponses au risque :

Eviter (menace)

Consiste à modifier un aspect du projet afin que la menace n’ait plus d’impact ou ne puisse plus se matérialiser.

Belle-mère Super-développeur
Je préfère partir en weekend avec des amis pour éviter complètement de croiser ma belle-mère. Paul, mon super-développeur pourrait être sorti de mon projet « Pont » à n’importe quel moment pour intervenir sur un autre projet « Barrage ». Je choisis de ne pas l’affecter du tout sur mon projet.

Réduire (menace)

Actions pro-actives menées pour :
– Réduire la probabilité d’occurrence de l’événement
– Réduire l’impact de l’événement

Belle-mère Super-développeur
– J’envoie les prévisions météo et de traffic (qui sont mauvaises) à ma belle-mère pour la dissuader de venir (je réduis la probabilité qu’elle décide de venir).
– Je prévois des activités en pagaille pour le weekend pour la croiser le moins possible (je réduis l’impact si elle vient).
– Je fais démarrer Paul une semaine plus tard pour qu’il finisse proprement son précédent projet « Barrage » (je réduis donc la probabilité qu’il y retourne ensuite).- J’organise le planning pour avoir de la marge de manoeuvre pour que Paul puisse aller travailler sur cet autre projet « Barrage » au cas où sans que cela impacte de trop le planning du projet « Pont » que je pilote.

Repli (menace)

Forme réactive de la réponse « Réduire » : si l’événement a lieu, on exécute les actions du plan de repli.

Belle-mère Super-développeur
Je demande à un ami de m’appeler pendant le weekend pour me donner une excuse et ne pas voir ma belle-mère. Je prévois dans mon planning qu’une autre personne puisse facilement reprendre le travail de Paul si jamais il doit partir sur l’autre projet « Barrage ».

Transférer (menace)

Technique dite de la « patate chaude« , où l’on transfère la responsabilité à quelqu’un d’autre.

Belle-mère Super-développeur
J’offre des tickets pour le prochain match de rugby à mon beau-frère pour qu’il demande à ma belle-mère de venir chez lui ce weekend-là. Je m’arrange financièrement avec le chef de projet « Barrage » pour qu’il ne demande pas à faire intervenir Paul sur son projet pendant le déroulement du mien.

NB: au sens Prince2, seul l’impact financier peut être transféré.

Accepter (menace)

On conserve la menace car on considère que c’est la solution la plus économique par rapport à une autre réponse.

Belle-mère Super-développeur
Je me fais une raison, il vaut mieux supporter un weekend avec ma belle-mère que les foudres de ma moitié pendant une semaine. J’accepte le fait que Paul puisse être demandé cet autre projet « Barrage », je serai quoi qu’il arrive gagnant s’il travaille ne serait-ce qu’un petit peu sur mon projet.

Partager (menace ou opportunité)

On partage l’impact de la menace avec quelqu’un d’autre.

Belle-mère Super-développeur
Je propose à mon beau-frère de couper le weekend en deux, chacun prenant la belle-mère une journée. Je propose de partager Paul entre mon projet « Pont » et le projet « Tunnel » et partager ainsi le risque qu’il soit appelé en renfort sur le projet « Barrage » pendant ces projets.

Exploiter (opportunité)

On s’assure de saisir une opportunité pour matérialiser l’impact.

Belle-mère Super-développeur
Le weekend en question c’est l’anniversaire de ma nièce. Comme ma belle-mère est excellente cuisinière et qu’elle adore préparer les repas, j’organise l’anniversaire de ma nièce à la maison ce même weekend et je m’assure que ma belle-mère vienne. Mon projet « Pont » pourrait démarrer en retard mais du coup Paul mon expert serait disponible à plein temps pour travailler dessus. Je renégocie donc mon planning pour intégrer Paul à plein temps.

Améliorer (opportunité)

Actions pro-actives pour :
– augmenter la probabilité d’apparition de l’opportunité
– augmenter l’impact généré

Belle-mère Super-développeur
J’augmente la probabilité qu’elle décide de venir en lui disant qu’il va faire beau et qu’ils ne prévoient personne sur la route. Si elle vient, elle pourra faire du baby-sitting et nous pourrons sortir avec ma moitié (j’augmente l’impact). Paul va peut-être pouvoir intervenir sur mon projet « Pont » s’il se libère à temps de son précédent projet « Barrage ». Je lui propose l’aide d’un collègue pour qu’il termine plus éventuellement plus vite (j’augmente la probabilité) et j’affecte à mon super-développeur Paul, les tâches critiques pour fiabiliser mon projet (j’augmente l’impact).

Rejeter (opportunité)

On décide de conserver la menace car on considère que c’est la solution la plus économique par rapport à une autre réponse.

Belle-mère Super-développeur
Ma belle-mère pourrait venir pour faire du babysitting mais il faut que je lui paie le billet d’avion. C’est trop cher, donc tant pis pour le baby-sitting gratuit. Paul pourrait intervenir sur mon projet « Pont » mais il faudrait que je l’échange contre une autre personne de mon équipe, Julien, qui a tout l’historique du projet « Pont ». Cela reviendrait trop cher pour que quelqu’un d’autre reprenne le rôle de Julien donc tant pis, je me passerai de Paul.

Il est important de garder toutes les options à l’esprit en cas de risque identifié sachant que parfois la meilleure solution c’est de ne rien faire !

Si Prince2 vous intéresse, lire également comment préparer la certification Prince2 et passer l’examen en candidat libre.

Et vous ? avez-vous un exemple d’opportunité que vous avez exploitée ?

L’article vous a plu ? merci de le partager ! sauf à votre belle-mère ..

18 réflexions au sujet de “La gestion des risques selon Prince2 : l’exemple de ma belle-mère”

  1. Bonjour JP, j’ai bcp apprécié la lecture de ce texte. Mais pourquoi tout gacher avec une conclusion telle que :  »(…) que parfois la meilleure solution c’est de ne rien faire ! »?

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    • Bonjour Jacques,
      « Tout gâcher » ? Je ne pense pas.
      Je pense que c’est au contraire l’option qui vient à l’esprit du chef de projet en dernier (accepter une menace ou rejeter une opportunité) car on essaie de toujours de « faire quelque chose ».
      On retrouve cette option de « ne rien faire » dans le cas d’affaire (« Business case ») de la méthodologie Prince2 et de ce que j’observe, peu de monde y a recours, à tort, au risque de dépenser du budget et de l’énergie pour un résultat minime ..

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  2. Merci JP, pour ces scénarios pratiques d’application.

    Je ne suis pas très familier avec Prince 2, existe t’il une matrice qui positionne ces différentes stratégies en fonction de différents facteurs comme le niveau de d’occurrence du risque ou de son impact?

    Je parle dans un des mes articles de la notion d’opportunité pour le risque de quoter trop bas une mission de conseil en utilisant la méthode PERT: http://blog-du-consultant.fr/comment-eviter-le-cauchemar-de-la-mission-qui-derape/

    Cela peut peut être intéresser tes lecteurs…

    Yannick

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    • Bonjour Yannick,

      oui la méthodologie traite également de la matrice probabilité / impact entre autres. L’article ici n’aborde que les types de réponses possibles.

      Je vais voir ton lien !

      Jean-Philippe

      Répondre
  3. Hihi, excellent d’utiliser la belle-mère en exemple, ça parle à beaucoup de monde.

    Je veux rebondir sur la remarque de Jacques (ne rien faire).
    Oui, je suis plutôt d’accord avec Jean Philippe.

    Quelquefois, ne rien faire est la meilleure solution. Et pourquoi pas ?
    Ne rien faire, c’est une option comme les autres… Et manifestement, elle est souvent oubliée dans une société qui pousse à l’action constamment.

    C’est aussi le cas de « ne rien dire ».

    Comme le dit un dicton chinois :

    « Deux ans pour apprendre à parler…
    Une vie pour apprendre à se taire. »

    Belle journée à tous !

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  4. Bonjour JP.,

    Dans le début de votre démonstration, vous parlez de la « pro-activité » nécessaire à la gestion de projet. Vous le démontrez bien avec la succession des étapes que vous expliquez dans votre présentation. Comme mon confrère Jacques, j’accroche sur le « rien faire » comme, si je vous comprends bien, une ultime solution. Cette « action » que vous déclarez peut avoir tendance à conforter les gérants de projets à ne pas s’occuper de la gestion du risque, trop communément considérée comme compliquée, voire une perte de temps. Est-il possible de penser d’abandonner au sort quand « … faire de la gestion de projets, c’est gérer des risques et gérer des risques c’est faire de la gestion de projets (Bakker & Roode, 2001; Nicholas, 2001). Pour moi, la gestion du risque doit être toujours « pro-active »… à chaque instant, de l’initiation du projet à sa complétion.

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    • Michel,

      « ne rien faire » n’est pas la solution ultime, c’est une réponse possible parmi d’autres tout simplement.

      Voici l’exemple de la méthodo Prince2 : il y a la possibilité qu’un concurrent lance un produit similaire sur le marché, menaçant ainsi la part de marché attendue.

      Différentes réponses possibles :
      – accélérer le projet en augmentant le nombre de ressources mais cela peut amener des problèmes de qualité
      – réduire le périmètre pour finir plus tôt mais le produit sera moins attrayant
      – ou alors accepter le risque et ne rien faire

      Autre exemple : en terme de risque pour un projet de développement informatique par exemple, il y a la menace de coupure de courant. Faut-il mettre en place absolument quelque chose ? dans la plupart des cas, non, on accepte le risque et on ne fait rien.

      Vous allez me dire que c’est extrême ? et pourtant cela m’est arrivé pour un projet avec EDF .. (véridique !).

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    • Intéressant cette discussion sur « ne rien faire ».

      Je crois qu’il faut insister sur la place de l’analyse de risque pour mieux comprendre:

      – On peut conclure, *après* avoir fait une analyse de risque complète, qu’il est plus avantageux d’accepter le risque, ou « ne rien faire » de particulier.

      – Cela n’est évidemment pas équivalent à « ne rien faire » en terme d’analyse de risque. Prendre cette option consiste en effet à passer à côté d’une des activités principales de la gestion de projet!

      – De même, identifier un risque et décider de « ne rien faire », sans mener une analyse -qui pourrait elle-même conclure en l’acceptation du risque- revient à se mettre la tête dans le sable, à ignorer [ne pas tenir compte]

      – Par ailleurs, on n’accepte pas « par défaut » les risques qui ne sont pas identifiés. On les ignore, par définition [ne pas connaître]. Ils se situent en dehors du radar de notre projet.

      Ignorer un risque ne fait pas partie des réactions prévues par Prince2. Par contre, il en vrai qu’en français, par glissement sémantique, « accepter », « ignorer » [ne pas tenir compte] et « ignorer » [ne pas connaître] peuvent être synonymes de « ne rien faire » 😉

      Répondre
  5. Bonjour JP,
    Lorsque je regarde les différents posts et que je regarde un peu les plaquettes commerciales des instituts de formation, il semble que les formations soient réellement centrées sur l’IT ( computing).
    Je suis chef de projet à l’international dans le cadre d’installation de lignes de production un peu partout dans le monde. Cette compétence a été acquise sur le terrain et je voudrais parfaire mon approche globale. Est ce que Prince 2 ou PMP sont des outils qui sont adaptés à mon profil
    Merci et bravo pour ce site génial !
    Thierry

    Répondre
    • Bonjour Thierry,

      merci !

      Et oui les méthodologies Prince2 et PMP sont génériques dans le sens où elles font abstraction du domaine dans lequel se déroule le projet.

      Pour moi, rien ne vaut l’expérience terrain mais une méthodologie en plus permet de structurer ces connaissances « terrain » et apporte un peu de recul, comble parfois des trous, etc.

      Après rien n’empêche de jeter un oeil à la méthodo et voir ce que cela peut apporter. Mais quitte ensuite à creuser, autant passer la certification (et dans ce cas, voir mes notes ici).

      JP

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  6. désolé pour être hors sujet! mais puisque vous êtes une personne très expérimenté et que vous analyser bien, j’aimerais que vous puissiez m’aider. je suis en master 2 en management et gestion de projet, j’ai décidé après une longue réflexion sur le sujet de mon mémoire de fin d’étude de prendre  » l’analyse de performance du chef d’entreprise  » que pensez vous? Si vous aviez des conseils je suis preneuse, merci

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